Processus vivant de restauration d’un fauteuil . 1. La rencontre Je choisis pas un fauteuil. Je le sens. Je le reconnais. Il m’appelle. Je peux être dans une brocante, chez un antiquaire… et là, je sais. C’est lui. C’est pas une question de style ou de tendance, c’est une vibration. Je fonctionne à l’intuition, pas au catalogue. 2. Le démontage Je commence par tout enlever : le tissu, les galons, les agrafes, les clous. Je garde le tissu, on sait jamais, ça peut servir de patron ou juste de mémoire. Et à chaque étape, je nettoie. Je réorganise mon espace, mon matériel. Tout doit être clair, structuré. J’ai besoin de ça pour que le geste soit juste. 3. Nettoyage initial Je gratte, j’enlève la mousse, la colle, la poussière. J’aspire bien. Le fauteuil, il doit respirer. Il doit être prêt à renaître. 4. Ponçage ou décapage Je commence toujours à la main, je teste le bois, je sens ce qu’il me dit. Je ponce avec ma ponceuse, je fignole avec le Dremel. Parfois je décape, avec un décapeur thermique. Je mets le bois à nu, le plus possible. Et je vérifie la structure. Si c’est bancal, je démonte, je recolle, je consolide. Je laisse reposer deux jours pour que ça tienne vraiment. 5. Soins du bois Je choisis les soins selon le style du fauteuil. Peinture, huile, cire, vernis… Je protège contre les rayures, les coups, le soleil. Chaque soin, c’est une intention. Une caresse. 6. Patronage et habillage Alors là, c’est important. Je pose le tissu brut directement sur le fauteuil avant de surjeter. Je trace à la craie, je suis les courbes, les lignes. Ensuite je surjette, et je repositionne. Pas de plis, pas d’épaisseurs. C’est plus simple pour poser les clous, et le rendu est net. 7. Les housses et les coussins Je récupère les anciennes housses si elles sont encore utilisables. Sinon, je fais le patron moi-même. Je ne reproduis pas, je compose. Chaque housse, c’est une réponse au fauteuil, à ce qu’il m’inspire. 8. L’inspiration en mouvement Je prévois rien. Je regarde ce que j’ai, et tout s’aligne. La peinture appelle le tissu, le tissu appelle la forme. Je m’adapte à chaque étape. Je suis portée par l’intuition. Tout doit avoir du sens. Une cohérence intérieure. 9. Le résultat final Quand le fauteuil est terminé, il porte mon cheminement. Il est artistique, philosophique, incarné. Il parle de ce que je ressens, de ce que je pense, de ce que j’étudie. Il est lié aux gens que j’ai rencontrés, à mon parcours. C’est pas juste un fauteuil. C’est une trace vivante.